Les premières clarinettes en métal ont été produites dès la première moitié du 19° siècle et utilisées dans différents corps d’armée où l’on appréciait certainement plus leur robustesse que leur sonorité.
Le vrai succès des clarinettes en métal remonte au début du 20° siècle lorsque des manufacturiers américains proposèrent des instruments de grande qualité de construction combinant la durabilité du métal et les qualités acoustiques des bonnes clarinettes en ébène.
La forte demande des orchestres militaires, universitaires et des écoles de musique américaines incita tous les grands facteurs d’instruments, y compris français à produire des clarinettes en métal : Selmer, Buffet-Crampon, Leblanc ont participé à cette aventure industrielle et exporté leur production vers les Etats-Unis faisant ainsi concurrence aux facteurs américains : Conn, King, Cundy-Bettoney, Pedler, Buescher, Penzel-Mueller, Holton, et Européens : Boosey et Hawkes, Orsi, Moenning, Hueller, Kohlert.
Fort de ce succès rapide, les facteurs d’instruments en métal américains annoncèrent la fin proche des clarinettes en bois d’ébène, ce qui leur semblait d’autant plus inéluctable que ce phénomène venait de se produire pour les flûtes traversières .
Il est vrai que le métal présente de réels avantages dans presque tous les domaines : il peut être travaillé plus précisément que le bois et sa stabilité lui permet de conserver intactes ses caractéristiques tout au long de sa vie.
Il est insensible à l’humidité et ne risque évidemment pas de se fendre, il est moins onéreux et plus facile à approvisionner que l’ébène et donne des instruments un peu plus légers et tellement plus ….beaux !
Leurs détracteurs ont pour habitude de critiquer le timbre des clarinettes en métal alors que la nature du matériau de construction n’intervient pas sur le timbre d’un instrument, c’est une donnée physique qui a été démontrée. Les qualités acoustiques dépendent essentiellement des cotes de fabrication (diamètre de la perce, emplacement des trous, hauteur des cheminées….), de la précision et du soin apporté à l'assemblage, du bec, de l'anche et bien entendu ....... du clarinettiste!
De nombreuses démonstrations en ce sens étaient organisées par les fabricants de l'époque pour tenter de convaincre les clarinettistes de se rallier au métal : un clarinettiste caché derrière un paravent jouait alternativement une métal ou une bois et les auditeurs devaient deviner quel instrument était joué....
Il leur était alors impossible de discerner le son d'une métal de celui d'une bois....
Mais ce sont pourtant bien les clarinettes en métal qui disparurent des chaînes de fabrication à partir des années 1950 …..
Heureusement, leur robustesse a permis à beaucoup d’entre elles de survivre…...
........ Pour nous montrer qu’elles n’ont toujours rien à envier aux clarinettes en ébène !
De nos jours, les clarinettes en métal sont surtout recherchées pour le Jazz et les musiques traditionnelles, et par des clarinettistes devant jouer à l'extérieur pour la musique de rue et les fanfares.
De très nombreux modèles ont été produits, essentiellement des modèles d'étude en Si bémol comme les Cavalier, Gladiator, 3 star, Collegiate, etc... Et il est très difficile de s'y retrouver pour le néophyte car des modèles identiques étaient commercialisés sous des appellations différentes et, à contrario, des modèles très différents l'étaient sous une appellation identique.
Certains modèles d'étude sont déjà très intéressants, d'autres sont à éviter.
Les modèles professionnels sont beaucoup plus rares, parfois vraiment remarquables par leur qualité de construction et certains raffinements techniques comme les barillets ajustables à vis ou les pavillons en argent massif à double paroi, plaqué or à l'intérieur.
Associées à un bec ouvert, beaucoup de clarinettes métal délivrent un son puissant et très ouvert, la Conn 524 étant le modèle le plus extrême dans ce domaine, le timbre se rapprochant alors d'un saxophone soprano.
Mais la plupart sonnent comme des ... clarinettes ! certaines clarinettes métal étant même bien adaptées à la musique classique, jouant juste et produisant un son rond et centré : Bettoney silva-bet, Selmer, Noblet.
De nombreux modèles sont polyvalents, permettant d'aborder tous les styles de musiques, en adaptant le bec.
Système Albert ou système Boehm? Au début du 20° siècle, 2 systèmes principaux de clétage coexistaient et les clarinettes en métal étaient fabriquées soit en système Boehm (c'est le clétage encore utilisé de nos jours en France et dans le monde entier à l'exception de l'Allemagne), soit en système Albert qui a depuis disparu des chaînes de fabrication et dont un exemplaire est représenté ci dessous. Il est très déroutant de passer d'un système à l'autre.... Vérifiez donc bien avant d'acheter une clarinette métal.... Ces clarinettes ''système Albert'' seront faciles à jouer pour des clarinettistes ayant appris à jouer sur un système Oelher (actuel système allemand et autrichien). Heureusement pour les français et tous les adeptes du système Boehm, plus de 90% des clarinettes métal ont été fabriquées en système Boehm.
Clarinette métal ''système Albert'' fabriquée par Noblet.